Explorer la carrière Saint-Cricq...
...et ne pas avoir envie d'en partir. C'est que c'est un endroit plein de belles surprises. S'il y a un portail tout en haut de la route, on peut y accéder par un petit sentier, dans le bois. On se plonge dans ce tunnel verdoyant, parfois titubant à force de garder la tête en l'air pour suivre la voûte arborée des yeux. Il faut pourtant garder les yeux au sol pour ne pas glisser sur un caillou. Ce 1 er Mai 2015, il faisait beau, il faisait chaud, et je voulais trouver mon graal gersois : l'ophrys miroir. Mon cher époux et moi n'avions rien que deux hectares à explorer pour trouver un petit pied esseulé.
L'endroit fut exploité par l'homme pour son calcaire ! Heureusement c'est maintenant un site protégé où se développe une faune et une flore étonnante. Et évidemment on y trouve toute sorte d'orchidées Que ne fut pas ma joie en croisant, dès notre entrée dans la carrière, un ophrys mouche et un sérapia à long labelle !
Dans la carrière, on a l 'impression qu'on pourrait faire mille balades. Les chemins se croisent et se recroisent, partent dans tous les sens et nous amènent vers des recoins mystérieux. Il faut simplement se rappeler que c'était une ancienne carrière et ne pas tenter d'aller dans les zones à accès interdit... histoire de ne pas se prendre bêtement un gros caillou sur la tête - ce serait bête de mourir dans un petit coin de paradis comme celui-ci, d'ailleurs. Au détour des petits sentiers albâtres et caillouteux, des petits points d'eau, grosses flaques ou mares investies par la végétations abritent un monde extraordinaire. Des tas d'amphibiens parait-il, mais j'ai dû trop les intriguer, ils n'ont pas daigné montrer le bout de leur nez. Ces minuscules lacs sont aussi de beaux miroirs du monde, alors autant en profiter !
Malgré nos investigations à droite à gauche, toujours pas d'ophrys miroir... mais les premiers anacamptis pyramidalis et les derniers orchis pourpres bien en fleurs ! Au sol la mousse, des pétales, des coquilles d'escargots. Il faut faire attention où marcher, il ya de la vie ici !
Ophrys bécasse ? Oui ! En grand nombre ! Des tonnes oserais-je dire ! Ici ou là ! Avec des motifs variés ! Plus ou moins fleuries ! Une ribambelle ici, une ribambelle là ! Et toujours pas d'ophrys miroir ! Mais c'était pas grave, le graal pouvait bien attendre, on avait mille trésors autour de nous !
Et pendant ce temps là, les amphibiens junior faisait leur bonhomme de chemin ! C'était impressionnant... il y avait quoi ? Des milliers de têtards ? Il grouillait dans l'eau, parmis les reflets. J'adorais voir la végétations se mirer dans cette eau si claire !
L'espoir n'était pas perdu pour mon graal, mon cher, mon rare ophrys miroir ! Alors on crapahute, on redescend, on repasse par-ci, par-là, on se perd sur une crête, on écoute les étranges cris d'oiseaux qui viennent de la falaise. Et on retrouve des ophrys bécasses et un sérapia bien touffu, un autre biscornu.
On marche vers l'autre bout du bois qui longe la carrière. Pas d'ophrys miroir. On prend les mêmes et on recommence ... mais sans jamais se lasser ! Il y en a partout ! Comme si elles se multipliaient à mesure de notre avancée, comme par magie !
On rebrousse chemin... on repart vers les points d'eau ! Sans doute l'avons nous loupée ici, la bougresse d'orchidée tant voulue ! C'est toujours aussi joli, l'eau. Il y a des sortes de grandes plantes sèches emberlificotées, ma foi, fort à mon goût, faisant des zigouigouis folichons !
Je me doute à ce moment là que l'ophrys miroir ce ne serait pas pour cette année. Alors je profite simplement des lieux, sans plus trop chercher. Absorbée, une fois de plus, par les reflets, les flaques, les orchidées, prenant soin de ne rien abîmer.
Il fallait que je me résigne ! Je reviendrai, tous les ans, avec l'espoir de le trouver, mon cher ophrys miroir gersois. En repartant, à travers bois, quelques jolies surprises : un papillon, une fleur, des rondins de bois dont les rides trahissaient l'âge...
Bref quelques heures de poésie dans ce monde de brutes, ça fait du bien au corps et au coeur !