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Gersicotti ? Gersicotta !
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Gersicotti ? Gersicotta !
19 juin 2016

Les retrouvailles du 14 juin 2016

Cet article a été rédigé le mardi 14 juin 2016 sur mon petit cahier bleu à gros carreaux, juste avant de dormir. Je voulais le publier ce soir-là, mais le sommeil m'a emportée et le lendemain, j'étais attendue tout à l'ouest du Gers, je n'avais pas le temps de le taper et de charger toutes les photos. Alors, le voici, avec quelques jours de différé...


 

Nous sommes le 14 juin 2016. Il est 21h30. Je suis éreintée. Mais tellement heureuse, mon cher Gers. Il a suffi d'une fraction de seconde pour me faire oublier les longues heures d'autocar, le gras étriqué dans mon petit siège malodorant et bien rempli par mon popotain opulent - entretenu au confit de canard, évidemment ! - les cuisses endolories par l'entraînement de volley de la veille et les genoux endoloris par le frottement subi sur les sièges de devant. Mais il a suffi d'une minuscule fraction de seconde, le temps que mon regard se fixe furtivement sur le côté gauche de l'immense pare-brise luisant du long véhicule dans lequel je voyageais. Planté sur un piquet, sur un fond bleu, le message était clair, net et précis : "Bienvenue dans le département du Gers". Il n'était qu'11h00 du matin et j'avais encore un peu de chemin à faire mais j'étais dans le Gers. Et cette fraction de seconde fut certainement la plus agréable depuis que mon réveil eut sonné à 5h10 ce matin même, m'extirpant d'un profond sommeil qui n'avait duré que 4 petites heures et trentes minuscules minutes. J'ai dû changer mes plans hier. Les grèves ont supprimé mon train de 10h30... et le seul moyen d'arriver à une heure correcte dans le Gers, c'était de prendre l'autocar de 6h20. Je n'en veux à personne. J'ai juste trouvé le temps long. A partir de ce doux panneau, j'ai commencé à regarder partout autour de moi, reconnaissant quelques endroits que j'aime, le lac de l'Isle-Jourdain, l'église de Gimont, Aubiet, et quand nous avons amorcé à 12h20 la descente de la route de Toulouse en direction d'Auch, j'étais soulagée. On est venu me chercher. J'ai pu récupérer ma vieille 205 l'après-midi, laissée aux bons soins de mon papa qui l'a pour la énième fois réparée. Cet après-midi, ma vivacité n'était pas à son comble, je peinais à marcher, comme encore engourdie, fatiguée, endolorie mais l'appel de l'orchidée sauvage et du paysage gersois a été plus fort que la flemmingite aiguë qui se tramait ! J'ai donc pris ma petit voiture blanche tout abîmée, toute sale, bruyante et parfois originale - une porte qui ne s'ouvre pas, pas de ventilation, des vitres à ouvrir avec la force de trois Teddy Rinner, une porte de coffre qui tient avec un manche à balai et un pommeau de levier de vitesse artistiquement reconstruit par des tourbillons d'adhésif bleu, oeuvre personnelle dont je suis très fière. J'ai dompté à nouveau la direction non assisté et la ceinture coupe-gorge, et j'ai choisi d'aller entre Arrouède et Chélan. Il se trouve que dans un virage, j'y trouve chaque année une foule d'orchis moustiques, notamment à la mi-juin. Alors allons-y gaiement !

Mais comme le hasard fait toujours bien les choses pour moi dans le Gers, j'ai réussi à faire quelques pauses sur un trajet d'à peine deux kilomètres. C'est que le paysage m'interpelait. Le paysage ressemblait à l'été. Les ballots de pailles éparpillés décoraient de leurs tourbillons un grand champ. Le ciel bleu s'était maquillé de quelques nuages, et je regardais tout ça la bouche ouverte en évitant d'avaler le premier moucheron qui passerait par-là. Un était plus ébourriffé que les autres. Un autre s'était perdu dans le fossé. Il était déposé irrégulièrement comme un caprice d'artiste qui se justifirait par l'aspect conceptuel de sa réalisation. Mais là, rien de conceptuel, juste de l'art agricole. Et j'aime tellement les ballots, ici ou là, dispersés, bien rangés, esseulés. Depuis que je suis arrivée dans le Gers je me régale à les observer. Je crois que quelques unes des premières photos de ce blog sont des ballots ! J'y ai pensé, tout à l'heure, en les voyant, à mes premiers ballots immortalisés, je crois que c'était entre Manent Montané et Saint-Blancard ou quelque part par là. Y'avait quasi le même ciel. Y'avait même une photo prise à Saint-Blancard, pile poil en face du château, devant une sorte de petite réserve d'eau. J'ai pas oublié. J'oublie quasi jamais. Je sais toujours plus ou moins où j'ai pris mes photos, même quand ce n'est qu'un paysage sans indications géographiques particulières. Je le sais, parce qu'à chaque fois ce sont des moments privilégiés, des petites histoires... Avant, je retenais le mois, l'année, rien qu'à voir la photo... maintenant au bout de 8 ans, j'avoue que je retiens surtout les dates des plus récentes. Ma mémoire n'est pas infaillible !

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J'ai quitté mes ballots pour continuer ma route. J'ai tourné à gauche au pigeonnier porche et j'ai recommencé à faire mes caprices. Une pause ! Vite ! Le maïs pousse sur d'interminables lignes vertes : j'étais comme hypnotisée.  C'est mon petit kiff' en ce moment. Les longs alignements de pousses de maïs, de tournesols, je trouve ça franchement super joli. Y'a comme une continuité. Une sorte d'infinité. Des petites vagues. Des courbes. Des motifs surprenants parfois. Ca me plait. Je ne sais pas comment le dire autrement, ça me plait ! Ca me botte, ça m'enchante !

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J'ai continué sur ma petite route sinueuse qui s'engouffre sous une canopée faite d'arbres divers. Et je suis arrivée à l'endroit précis où j'espérais trouver mes orchis moustiques... Et là, la grosse déception. Pas un n'a poussé là cette année ! Il faut dire que les orchidées ont besoin de tellement de conditions réunies pour pousser ! Sans doute ont-elles peu apprécié le climat de cette années ou qu'un pesticide est arrivé jusque là ! Pas un bulbe n'a daigné fleurir ici ! Je me suis donc imaginé qu'aucun orchis moustique n'avait poussé dans le coin cette année. Alors je me suis dit que pour me consoler, même si c'était un peu tard dans la saison, j'irai voir les orchis parfumés juste après Betcave-Aguin, à un croisement qui mène soit à Semeziès Cachan, soit à Simorre. Et pour ça, il me fallait prendre une route que je connais par coeur : la départementale 40. Ici j'ai beaucoup de souvenirs : je l'ai emprunté pour aller au travail, la première année où je suis devenue gersoise, je l'ai visité en long, en large, en travers, je connais quasiment tous les villages qu'elle traverse jusqu'à la frontière avec le Tarn et Garonne ! De Mont d'Astarac à Solomiac ! Elle mène à mon lac préféré, le lac de l'Astarac, elle m'amène à Lamaguère où je vois chaque année des centaines d'orchidées, elle me conduit à Castelnau-Barbarens pour des balades étonnantes. Et j'y ai trouvé aussi des ballots. Ceux-ci étaient plus sérieux. Bien rangés. A l'alignement presque parfait. Je gare la voiture en sécurité, je m'extirpe d'elle, je flâne à pied sur ma D40. Le vent soufflait un peu et le soleil me réchauffait. Il faisait briller le capot de titine !

 

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Trève de ballot, les orchis parfumés n'attendent pas ! Déjà que c'est la fin de la saison, il faut que je cesse de tarder. J'ai le volant, décidée à aller jusqu'aux orchis parfumés sans pause. J'ai tourné à droite, au dout de la longue route bordée de platane juste après Sère, en direction de Simorre. Et ma foi, j'avais oublié que dans un virage, sur un talus, poussaient d'innombrables orchis de Fuchs. Et en face, il y a une sorte de petit parking terreux. Il y en avait tellement ! En fin de floraison mais tellement ! 

 

 

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Et surtout, en marchant sur le bord du talus, j'ai trouvé ce que je pensais introuvable cet année : un pied d'orchis moustique, l'unique me semblait-il. En repartant satisfaite vers la voiture, j'ai pensé aux autres fleurs. Il n'y a pas que les orchidées sauvages dans la vie ! N'oublions pas les marguerites ! Et qu'était cette tache orange près de la voiture ? Un lys sauvage orange ? Quelle belle rencontre ! A chaque fois que je viens ici, je découvre quelque chose ! La première année, c'étaient les tas d'orchis de fuchs. La seconde année, j'avais rencontré une orchidée appelée Listère ovale, cachée dans les bois, la troisième année, j'avais brigué quelques papillons et cette année, j'y trouve pour la première fois, un orchis moustique et ce lys inattendu ! Le bonheur est partout sur mon chemin !

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J'étais tout heureuse ! Toute joyeuse ! La flemmingite semblait définitement guérie ! Et j'ai pris le chemin de Betcave Aguin. Mais j'ai choisi une tout autre solution pour rejoindre les orchis parfumés.  J'ai contourné ici ou là, un peu à l'envi, comme j'aime le faire. Je me suis retrouvée sur des chemins de crêtes, entre je-ne-sais-où et je-ne-sais-pas-où, mais quelque part par là... et je me suis retrouvée nez à nez avec un orchis bouc magnifique !

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J'ai repris la route qui mène à Seissan depuis Simorre... hé ? Hé quoi ? QUOI ? Des orchis moustiques ! J'ai bien serré la voiture. Et j'ai jubilé tant que c'est assez ! Je n'en avais pas eu près de Chélan, j'en avais pour mon compte ici, sur les talus ! Des courbés, des couchés, des droits et fiers, des sur la tangente, des juste un peu penchés ! Mais tous aussi beaux les uns que les autres ! Et je ne connaissais pas ce coin en particulier pour les orchidées, j'y suis peu passé aussi, je n'y avais jamais fait attention. Je ne pensais même plus aux 6h00 d'autocar éreintantes. Je ne pensais qu'à l'instant présent et au bonheur de voir ces petites merveilles. Et j'en profitais goulûment, attisant probablement la curiosité des conducteurs qui passaient par là - rassurez-vous, je suis toujours très prudente en bordure de route, je gare ma voiture en sécurité, si possible en dehors de la route ou sur une ligne bien droite où on a la visibilité de partout, et quant à moi, je réagi au quart de tour au moindre bruit de véhicule et me mets hors de tout danger.

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Après cette boulimie d'orchis moustique, j'ai rejoint le croisement des orchis parfumés, au bas du chemin du donjon. J'en avais aperçu en arrivant comme la toute première fois où j'étais passée ici et que j'avais, depuis la voiture, aperçu ces fameux orchis rencontrés dans mon guide des orchidées du Gers. Aujourd'hui ils n'étaient pas en bel état, plutôt en fin de floraison, un peu cramés. Mais peu importait ! Si ce n'était pas des orchis parfumés ce serait autre chose ! Du plantain sauvage ou des papillons ... et des orchis parfumés bien qu'un peu fânés !

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Ici, ils sont toujours accompagnés d'une foule d'orchis pyramidalis et de sérapias. Aujourd'hui, le vent soufflait. Ca virevoltait, ça s'inclinait, et j'ai mis un certain temps à réussir une photo avec la fleur visée ! - j'ai quelques photos avec juste des tiges penchées, très originales qui pourraient faire l'objet d'une exposition intitulée "l'art de l'absence" mais je pense m'abstenir ! Je me suis aussi laissée distraire par une églantine sauvage...

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Mes vadrouilles n'étaient pas encore terminées ! Non ! Car j'avais décidé de remonter la petite route qui mène vers Simorre : j'y ai trouvé des orchis boucs, d'autres orchis parfumés, un ophrys abeille, des genêts, et bien d'autres fleurs les pétales au vent !

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En reprenant la route qui descend vers Meilhan, j'ai ri ! Mais j'ai ri ! Tu n'imagines pas comme j'ai ri ! J'ai encore trouvé des tas d'orchis moustiques ! Moi qui ne pensait pas en voir après ma déception première ! Moi qui, il y a trois ans en cherchais partout, en vain, ayant dû aller jusqu'au lac du Lizet pour en voir, ayant dû surveiller un unique spécimen tous les deux jours en train de pousser vers Seissan, ayant été triste de ne pas en voir plus!  Ayant scruté les prairies, les talus ! Je n'en ai jamais autant trouvé qu'aujourd'hui !

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Alors, j'en dis que les affreuses heures d'autocars à me plaindre avec moi-même en valait bien la peine ! Parce que ces retrouvailles avec le Gers ont été ressourçantes, apaisantes, bienfaisantes, vivifiantes, appétissantes ! Et ma semaine devrait bien s'annoncer ! Vivement demain que je fasse d'autres découvertes, que je revive des instants comme ceux-là, que je ne pense plus ni à hier, ni à demain, mais seulement à la seconde qui s'écoule... parce que vivre heureux, finalement, c'est ça, c'est penser à profiter de la seconde qui s'écoule... et c'est encore mieux, selon moi, si c'est dans le Gers !

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Commentaires
B
Toujours un véritable plaisir de regarder tes photos !<br /> <br /> Je te souhaite un agréable mois de juillet.<br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> Bernadette.
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