Petites images auscitaines...

Le vieux lampadaire

Il en a vu celui là, des vertes et des pas mures ! Déjà, il a vu l'escalier monumental être démonté, marche après marche, pierre après pierre, être remonté, pierre après pierre, marche après marche. Il l'a vu être retapé, restauré, nettoyé, il l'a vu retrouvé son aspect flambant neuf alors qu'il l'avait connu vieux et usé. Puis il a vu, au fond, la ville basse s'agrandir, se développer. L'hiver, parfois, quand le temps veut bien le lui permettre, il aperçoit les Pyrénées enneigées. Il supporte parfois les pigeons, les tourterelles, qui lui laisse quelques souvenirs dont il se passerait bien au passage. Et puis il est supplanté aujourd'hui par cette grande grue dont on voit le reflet dans une de ces faces. Mais pire encore, il supporte les photographes compulsifs qui passent par là et qui ont l'audace d'en faire une image … parce qu'il est déglingué, qu'il n'a plus de vitre, parce qu'on voit à travers la campagne environnante... Son usure fait son charme et si on venait à le rénover, le changer, le repeindre, il serait comme le commun des lampadaires, personne n'aurait idée de le regarder !

Lampadaire sous la pluie

Il n'en peut plus ! Il n'en peut plus ! Non pas de la pluie. Car ça la pluie, lui il ne peut jamais y échapper. Les architectes n'ont pas prévu de lui fournir un parapluie. La pluie, il s'en fout, comme du soleil. De toute manière, le jour, il ne sert à rien, c'est un travailleur nocturne : il s'applique à éclairer la ruelle, pour que les passants voient où ils mettent les pieds. Mais la pluie, il s'en fiche. Pourtant aujourd'hui, il a vu courir les parapluies. Il a entendu des plaintes. Il a entendu des jurons anti-pluie. Et pire encore, il a été obligé de supporter des photographes compulsifs qui ne pestaient pas contre la pluie parce qu'ils ont eu l'audace de l'immortalisé, lui dégoulinant de pluie … parce qu'il était encore plus présent dans la ruelle, parce que malgré qu'il fût éteint, il était quand même lumineux et décorait avec grâce cette ruelle dont la pierre mouillée était aussi grisonnante que le ciel orageux.

Ne glissez pas !

Non, ne glissez pas, sur les pavés mouillés. Ils n'ont de toutes manières pas envie de vous voir de trop près. Vos pieds leur suffisent. Eux voient le monde sous un angle tout à fait particulier. Ils ont le regard sans cesse tourné vers le ciel, voient les couples se bécoter sous les parapluies, ils supportent les petits papiers inutiles jetés par les gens ou qui s'envolent au vent. Ils n'ont pas le choix non plus. On ne leur a pas donné la parole. Par contre, on leur a donné la possibilité de vous faire glisser ! Alors, prenez garde …

Le linge à la fenêtre

« Ah mais laissez nous sécher en paix ! C'est pas possible ces photographes amateurs ! Une fenêtre avec du linge, quoi de plus banal en plus. Et pour couronner le tout , IL PLEUT ! C'est bien notre veine ça ». J'adore quand le linge sèche aux fenêtres. Je me demande qui a porté le t-shirt rouge que j'aperçois. Je trouve que la fenêtre prend vie et des couleurs. J'en un peu dans l'intimité des gens, non par voyeurisme, je constate juste que la ville est vivante, que chaque bâtiment croisé grouille d'individus qui partagent les mêmes activités, comme étendre le linge à la fenêtre. Rien de bien original en soi, c'est vrai. Mais le linge aux fenêtres, c'est joli, c'est tout.

Comments

[Lies]

J'adore comment tu donnes vie aux choses ! Faudrait que j'me balade avec mon n'appareil moi aussi...

On aurait presque pitié du vieux lampadaire et des vêtements.

Moi, c'est par la fenêtre que j'aime bien regarder. Je regarde comment les gens décorent chez eux, comment sont les rideaux, ... C'est de la curiosité mais de la bonne curiosité moi j'dis :p.