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Gersicotti ? Gersicotta !
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Gersicotti ? Gersicotta !
23 août 2016

La saga Croustade, Pastis et Tourtière [2] : l'organisation du travail !

Episode précédent : La saga croustade, pastis et tourtière [1] : Pourquoi un tel sujet ? 

Ca y était ! J'allais donc travailler durant une année scolaire sur ce sujet qui m'enthousiasmait à un point que vous n'imaginez même pas (quoique … me connaissant, si vous êtes tout à fait capable d'imaginer qu'un sujet sur la gastronomie du Gers et ses mots allait forcément m'enthousiasmer comme jamais ! ). C'était octobre 2015 et il fallait se mettre au travail et donc définir des projets concrets : entre autres la confection d'un corpus (ndlr : un corpus est un regroupement de document ayant des points communs) de définitions de dictionnaires, celles des livres de cuisine, la réalisation d'enquêtes linguistiques, la réalisation de cartes géolinguistiques, l'exploration de nombreux  ouvrages théoriques… et ça promettait une année bien chargée !

J'ai en premier lieu jeté mon dévolu sur tous les dictionnaires de français que j'avais à portée de main. J'ai toujours été une collectionneuse de dictionnaires, j'ai toujours aimé voir les différences entre les définitions d'une édition à l'autre, les mots qu'il y avait dans l'un et pas dans l'autre, j'ai toujours aimé ces gros livres qui renferment les mots de ma langue maternelle. J'ai toujours aimé les feuilleter pour tomber sur un mot que j'ignore et le découvrir comme un trésor caché. J'ai donc d'abord exploré ma propre bibliothèque pour relever les définitions proposées par les dictionnaires, les définitions de croustade, pastis et tourtière. Je suis restée un peu bête quand j'ai découvert que pour la plupart, le sens de "dessert régional" n'était pas toujours pris en compte. J'ai donc étendu mon relevé à la toile… internet offre maintenant de nombreuses possibilités dont le Trésor de la langue française informatisé ou le Larousse en ligne… même constat. J'ai exploré les bibliothèques de Rodez, d'Auch, de Toulouse, d'Albi, d'Agen et même le CIRDOC (un établissement magnifique consacré aux ouvrages occitans ! ). J'ai consulté des dictionnaires régionaux, des dictionnaires occitans, des dictionnaires gastronomiques. Et j'ai fait paisiblement mon petit relevé d'environ 120 définitions que j'ai classées en fonction des dictionnaires et que j'ai décortiquées en fonction des informations qu'elles me donnaient.

Capture

J'ai pu constater que les ouvrages lexicographiques avaient bien des limites et ne pouvaient pas seuls m'aider à démêler la confusion qui m'obstinent depuis des années pour plusieurs raisons : ils ne donnent pas toujours les définitions à l'échelle régionales, ils oublient parfois, dans l'étymologie des mots, le passage par d'autres langues, comme l'occitan. Mais j'ai pu aussi constater que les mots que j'étudiais étaient aussi polysémiques, c’est-à-dire qu'ils avaient plusieurs sens comme pastis par exemple qui désigne la boisson anisée que vous connaissez tous, le dessert dont je parle mais aussi une situation embrouillée ! (j'évoquerai mes conclusions dans un article ultérieur)

En parallèle, j'ai lu de nombreux ouvrages divers et variés. D'abord des ouvrages sur l'Occitanie et l'Occitan. Ouh, j'en vois déjà bondir et hurler à l'ignominie "Mais nous ne sommes pas en Occitanie, nous sommes en Gascogne et nous parlons gascon". Respirez les gars ! Je m'attarderai un peu plus longtemps dans le prochain article sur le sujet mais oui, c'est vrai, dans le Gers, nous sommes en Gascogne et nous parlons gascon. Mais la Gascogne fait partie de l'Occitanie historique (quoi que vous en disiez) et le gascon est une langue qui fait partie du groupement de langues composant l'occitan. Donc pas besoin de polémique, on en a déjà assez avec nos trois desserts !

J'ai aussi plongé le nez dans des ouvrages plus spécialisés sur la langue en général, son évolution, les notions de dialectes, patois, parlers.

Mais ce n'était pas tout, j'ai également dévoré des livres de linguistique sur la polysémie (plusieurs sens pour un mot), sur la synonymie (un même sens pour plusieurs mots), les relations entre les mots, les relations entre les mots et leurs références (leur réalité concrète dans notre monde) et tout cela m'a ouvert l'esprit bien plus loin que je ne l'imaginais.

Après bien des lectures, après bien des fiches de lectures, bien des relevés de citations, de théories, après bien du travail, je vous ai ensuite proposé de participer à des enquêtes linguistiques auxquelles vous avez été nombreux à répondre présents… ce qui m'a fait fabriquer des cartes géolinguistiques (sur lesquelles je reviendrai aussi dans un prochain article).

Et enfin, j'ai pu tirer mes conclusions pour comprendre la confustion entre croustade, pastis et tourtière et je peux vous assurer qu'on est loin de la gueguerre de clocher que certains imaginent, il y a des raisons, des explications et elles sont toutes, à mon sens, extraordinaires !

 

A suivre : La saga croustade, pastis et tourtière [3] : petit voyage en théorie !

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