Seule dans le Gers, un matin d'automne...
Bon, à vrai dire, si j'essaie de copier le titre du film "Seul sur Mars" dans lequel le beau Matt Damon, transformé en astronaute botaniste hyper intelligent se retrouve seul à cultiver des patates en admirant des paysages extraordinaires sur la planète Mars, moi je n'étais pas vraiment seule, je ne cultivais pas de patates, je ne suis pas botaniste, ni hyper intelligente, mais j'avais les paysages extraordinaires. Hey Matt, nous avons au moins un point commun. Dans le film, le personnage s'assoit régulièrement à un endroit précis pour contempler le panorama, et moi, je fais pareil dans le Gers quand j'y suis. J'admire, je contemple l'horizon sur mon petit chemin préféré. Tu vois Matt, plutôt que d'aller te perdre sur une planète à des millions de kilomètres de la nôtre, t'aurais mieux fait de venir te perdre dans le Gers, ici on a la vue et bien plus que des patates à t'offrir ! En ce 11 octobre 2015, je m'étais à 5h00 du matin, comme une fleur, ou plutôt réveillée par mes parents agités qui se préparaient pour un long périple passant par le Pas de Calais. Au début, j'étais un peu contrariée de ne pas avoir dormi plus et puis, vers 7h30 quand j'ai passé le nez à l'extérieur, que j'ai aperçu l'ombre des Pyrénées, j'ai su que c'était mon destin de m'être levée si tôt car il fallait absolument que je vois le lever de soleil. C'était d'une évidence ! J'ai donc pressé le pas pour m'habiller chaudement. Et j'ai mis le nez dehors à 7h45 saluant rapidement le léger croissant de lune qui habillait le ciel mauve.
J'ai avancé tranquillement, en frissonnant un peu. Je n'avais pas la combinaison de Matt Damon ! Et ce matin d'automne était particulièrement frais pour ne pas dire froid. J'admirais en passant les barbelés grâcieux.
Derrière moi, j'apercevais le château d'eau de Saint-Blancard. C'est tout bête un château d'eau c'est vrai, ça n'a pas forcément grand intérêt ! Mais dans ce lever de soleil ci, il avait beaucoup de charme. Moi, il m'en faut peu pour être heureuse. Les arbres sur les collines se laissaient pareillement happer par les couleurs orangées sans parler de l'horrible poteau électrique devenu bien moins repoussant...
Matt, j'étais comme toi, seule face aux éléments, seule et humble devant tant de beauté, moi petite humaine, presque perdue sur ma planète Gers, à observer ce qui m'entourait comme si c'était la première fois. Ce n'était pas la première, car souvent j'ai été seule à cet endroit, le matin ou le soir, souvent j'ai eu les yeux brillants, ici-même, souvent j'ai dit "Waouh", souvent j'ai trouvé ce moment spécial. C'était un moment spécial de plus rien qu'à moi. Les Pyrénées se dévoilaient comme j'aime qu'elle se dévoilent et les couleurs changeaient de seconde en seconde. Ici rien ne m'appartenait, mais chaque instant était à moi.
L'Arbizon et le Pic du Midi de Bigorre peinaient à se réveiller. Oh ! Je les comprenais ! J'avoue que traîner au lit, sous une couette chaude, aussi épaise que les nuages, m'aurait fait plaisir. Mais je n'aurais pas eu le privilège de ce spectacle matinal. Et comme on dit que choisir c'est renoncer, j'ai renoncé au lit chaud et douillet, j'ai choisi l'émerveillement de ce matin d'automne !
Je pivotais de 90 degrés et un peu plus. Mes arbres fétiches et le village semblaient aussi émerger progressivement. Où que je regarde, il n'y avait que magnificence. Je n'en avais plus rien à foutre de m'être levée aux aurores. J'avais des sortes de gros coeurs dans les yeux. Amoureuse de mes paysages.
J'étais là un peu avant le soleil, un peu avant le jour, un peu avant tout le monde. Les couleurs changeaient, je commençais à mieux voir les fleurs à mes pieds. Et l'horizon prenaient d'autres allures tout aussi apétissantes !
Ma petite route se rendait davantage visible et les couleurs d'automne s'y imposait. J'aimais copieusement cette sensation de bien-être qui m'envahissait. Moi seule ici, dans le calme, la plénitude, à ne penser qu'à une seule chose : la contemplation. Le bonheur c'est tellement simple parfois. Et les montagnes me souriaient de plus en plus.
Arrouède sortait de l'obscurité ! N'est-il pas beau mon petit village ? N'est-il pas beau de simplicité ce havre de paix ? Et le sud, les sommets, Dieu que le Gers est beau ! De ma part, c'est certes peu original, mais c'est une vérité générale maintenant, plus de doute ! Encore que je n'en doutais plus depuis longtemps !
Je sentais un rayon chaud dans mon dos. La colline s'éclairait de plus en plus. Le soleil ! Le soleil ! Le soleil ! Le soleil commençait sa course apparente. Il gravissait la colline, il éclairait le clocher, il transperçait les arbres et me réchauffait les os.
Il laissait dans les herbes des couleurs dorées, ici l'atmosphère était un peu étrange, au milieu des toiles d'araignée.
Et le jour fut là, j'allais rentrer, le chien m'attendait, et mon cher et tendre était en train de se lever. Une belle journée allait commencer, dans le Gers, évidemment !
Bref, Matt, tu viens quand tu veux, je te fais visiter et promis, on ne mangera pas que des patates !