Ciel ! Des oeuvres d'art !
Art. Nom masculin. (latin ars-artis)
"Création d'objets ou de mises en scène spécifiques destinées à produire chez l'homme un état particulier de sensibilité, plus ou moins lié au plaisir esthétique"
Source: www.Larousse.fr
Ces derniers jours, dans le Gers, il y avait de l'art dans l'air. Il s'étendait dans le ciel de gigantesques toiles peintes parfois avec grande excentricité. Sans doute vous demandez vous ce que je raconte et si c'est de l'art ou du cochon. Mais, ces soirs là, rien n'était de l'art comme on le connait, et l'art de rien, c'était finalement de l'art. Et ça ne manquait ni d'air ni d'art. Pas de peintre, pas de dessinateur, pas de musicien, pas de jongleur, pas de poète, par d'artiste, a priori, dans le coin pour réaliser tout cela. Et pourtant, il y avait dans le ciel du Monet, du Dali, du Matisse, du Gauguin, du Van Gogh, du Picasso, du Pollock, , comme s'ils s'amusaient ensemble, au paradis des peintres, à refaire la déco du ciel. Imaginez-les. Chacun un pinceau à la main, une palette dans l'autre. Tantôt se félicitant les uns les autres, tantôt se disputant.
"Pablo ! Des nuages carrés et verts, c'est trop surréaliste ! Et puis c'est quoi cet oeil ? Mon vieux, tu perds les pédales ! En bas, ils vont croire à une invasion d'extraterrestres obsédés de la géométrie.Jackson (ndlr, pas Mickaël, mais Pollock !) ce jeté de peinture coloré, ici ou là, quelle idée sensationnelle !"
Et Vincent, remettant soigneusement son pansement sur l'oreille coupée, cherchant à caser un tournesol à la place du soleil. Chaque soir, même scénario, les peintres se mettent à l'ouvrage, De Vinci e Michel Ange s'en mêlent aussi. Et cette joyeuse bande d'artiste se réjouissent ou se chamaillent de leur réalisation quotidienne et vespérale... quoi qu'ils en disent, le résultat est toujours époustouflant !
Bref, derrière chez Papa e Maman, j'ai un musée à ciel ouvert, sans exposition permanente, où ces derniers soirs, ce que j'ai vu m'a provoqué "un état particulier de sensibilité [...] lié au plaisir esthétique" des scènes contemplées. C'était donc de l'art, à l'état le plus naturel. Et si ce n'était pas une douce conspiration des peintres disparus, alors c'était de l'art sans artifice, sans fard, sans gouache, sans peinture, sans crayon. L'art de la nature. Du grand art au grand air.
Commençons. Mardi 10 août 2015. 20h46. Il faisait bon dehors. Mais le ciel semblait très légèrement se couvrir. A l'Ouest, une grande toile jaune orangé, très lumineuse, brillante, aveuglante. Quelques petites touches de blancs, fins nuages. Et la campagne dans l'ombre.
Au Sud, des tons plus doux, plus discrets, plus apaisants et surtout l'ombre des montagnes et le dessin irrégulier créé par la succession des cimes. Ils se sont bien amusés, me disais-je et n'ont ni oublié l'Arbizon, ni le Pic du Midi de Bigorre !
Le temps de lever le yeux au ciel, un groupe de héron garde-boeuf passait par là, aussi vite vus aussi vite disparus à l'horizon. Ils rejoignaien probablement le lac.
En me retournant, la couleur avait changé, il était temps de rentrer, la campagne s'endormait paisiblement.
Le lendemain soir, le 11 août à 20h41, je soupçonnais Pollock d'avoir oeuvré. Le ciel était beau, bleu, décoré de traînées blanches, de taches rose pâle, d'arabesques lumineuses.
Mes amis les hérons sont repassés dans un vol éphémère. J'étais ravie de les revoir.
Le décor continuait de m'espanter, le soir tombant peu à peu sur le village et mes arbres. C'était beau, mais beau !
Mon arbre aussi.
Jeudi 13 Août 2015. 20h36. Après la tempête de l'après-midi, le soleil na pas dit son dernier mot ! Il réapparait au couchant, éclairan mon cher arbre et réchauffant mes bras e mes joues. Je ne sais pas pourquoi je m'attends alors à du grandiose, à du splendide.
Le ciel est chargé. Mais des percées de ciel bleu brisent les ténèbres. La perturbation n'a qu'à bien se tenir. C'est magique !
A l'horizon, une sorte d'embrasement se produit, une boule de feu, tout semble calme encore.
Peu à peu, les couleurs deviennent plus chaude. Et de l'autre côté, les arbres et les étourneaux se régalent des derniers rayons solaires de la journée.
Le paysage prend un aspect à la fois magnifique et angoissant. Les ténèbres s'installent, noir, rouge, or, fushia. Tout se mélange.
Je prends chaque moment. J'immortalise. Je m'émerveille. Je dis que c'est beau. Je stoppe le chien, je lui demande de s'asseoir, elle s'exécute. Et je contemple jusqu'à en avoir la cornée toute sèche. Tout ça est incroyable, mais qu'ils ont bien travaillé, là-haut !
Le lendemain, vendredi 14 août, 20h48. J'hésite à sortir. Le temps est fort couvert et je me dis qu''il ne devrait pas y avoir de coucher de soleil fort sympathique. Il fait frais, voire un peu froid. La chienne ne réclame rien. Mais j'y vais quand même et ma compagne à poils blancs ne refuse jamais une promenade. Tout est doux. Et finalement, le crépuscule était aussi joli que les autres, bien que différent !
Je n'ai pas revu mes hérons. Mais j'ai regardé le spectacle. La campagne qui changeait de couleur, le calme, la plénitude,
Le tout s'apaise lentement. Je sais qu'il pleuvra le lendemain.
J'ai eu envie d'hurler "Et les gars ! Continuez chaque soir à changer le paysage !". Je ne doute pas qu'ils continueront. Et chaque soir sera une nouvelle oeuvre d'art éphémère !