Le bonheur est dans la prairie sauvage massylvaine !
Le jeudi de l'Ascension, mon mari, mes parents et moi devions aller à Gavarnie. Mais la météo n'était pas très encourageante alors nous avons renoncé à l'excursion. Nous l'avons repoussée au samedi suivant et nous avons aussi annulé en raison des chutes de neiges prévues dans les Pyrénées. Bref, donc, le jeudi de l'Ascension, vers 15h00, mon cher et tendre et moi-même avons décidé d'aller visiter quelques prairies sauvages du coin. Finalement nous n'en avons visité qu'une. Elle se trouve sur les hauteurs entre Bézues-Bajon et Masseube au bout de la route indiquant le lieu dit "Les Cahuzères". Pour nous y rendre depuis Arrouède, nous avons pris la route de Masseube par Bezues et nous nous sommes garés sur une sorte de parking au bord de la route principale. Et nous sommes partis à pied, sachant qu'on avait un petit kilomètre à faire. Cependant, avant de prendre la direction de la prairie sauvage en question, qui se trouve aux croisements de plusieurs chemins communaux, nous avons gambadé dans les coins de verdures jouxtant notre lieu de parking. Je connais bien cet endroit. Lorsque je travaillais dans le lycée un peu plus bas, je passais tous les jours en voiture. Autant vous dire qu'en cette saison, je m'arrêtais souvent pour observer les orchidées. Et elles étaient encore au rendez-vous, ce jeudi ! Quelques sérapias et orchis pyramidaux enchantaient les lieux !
J'ai également eu le plaisir de retrouver ce magnifique pied d'orchis homme-pendu qui grandit d'année en année, fidèle au poste, toujours au même endroit.
Nous avons quitté le parking pour continuer sur la route : les talus nous réservaient aussi de belles surprises comme cet insecte aux belles couleurs flirtant avec une fleur jaune.
Nous avons aussi trouvé des tas de plantanthères en lisière de sous-bois ! Je savais que nous en trouverions, mais pas autant ! Ce sont des orchidées vraiment originales.
Nous avons pris l'embranchement sur la gauche pour rejoindre la prairie en question. Et les bords de route furent fabuleux. Des orchis de fuchs commençaient là leur floraison.
Les orchidées se succédaient toutes plus belles les unes que les autres : orchis pyramidaux, orchis militaires, ophrys mouches ainsi que d'autres platanthères cotoyaient les autres fleurs sauvages.
Et puis ces petites beautés de la nature: une marguerite originalement coiffée, un papillon bleu, un insecte en rouge et noir, et que dire ces bébés sauterelles perchés sur les orchis homme-pendu ? Le voyage dans le microcosme de ces talus était dépaysant !
Suprise ! Même un ophrys abeille se plaisait ici ! Je ne me souvenais pas en avoir vu à cet endroit. C'est joli, l'ophrys abeille ! C'est joli !
Encore quelques centaines de mètres à parcourir avant THE prairie, j'étais toujours aussi heureuse de croiser des orchis pyramidaux, militaires et même un ophrys araignée !
Pendant que mon amoureux cherchait les petits oiseaux dans les arbres, j'ai quitté des yeux les orchidées. Un insecte d'un bleu anthracite se lançait à la conquête d'une fleur jaune grande ouverte. Je trouvais les deux fort bien assortis.
Nous y étions presque. Mais d'autres orchidées nous ralentirent ! Un ophrys bécasses, les sempiternelles pyramidalis... impossible de ne pas croiser d'orchidées ici !
Et juste avant d'entrer sur le petit chemin herbeux qui mènerait à LA prairie tant désirée, nous avons pris le temps de contempler le paysage malgré le temps relativement grisonnant. Le patchwork campagnard, comme d'habitude, nous faisait oublier la grisaille !
Voilà, nous y étions. Au bord de cette fameuse prairie sauvage. Pour nous accueillir dès le départ un ophrys mouche et une platanthère. Ca s'annonçait bien !
Au coeur de la prairie, c'était encore plus enthousiasmant. Les papillons taquinaient les orchidées et je retrouvais des orchidées vues sur la route ainsi que les insectes qui m'avaient tant plus quelques minutes auparavant.
Le temps d'un salsifis sauvage pour changer de décor, je repartais dans mes travers : les orchidées ! Denis, lui, photographiait plus loin les rapaces qui tournoyaient au-dessus de nos têtes.
La prairie était bondée d'orchidées. Difficile de ne pas y passer tout son temps ! Bref, à nouveau, orchis et ophrys pour mon plus grand plaisir. Il y avait une grande variété d'espèces sur ce petit bout de terrain, c'était impressionnant.
La pluie se mit à tomber assez intensivement. Le temps de m'abriter sous un arbre en compagnie d'une splendide platanthère, je me suis aperçue que j'étais au milieu d'une bonne dizaine d'ophrys bécasses.
La pluie, qui avait légèrement dénudé mon salsifis, s'est arrêtée. Nous avons donc amorcé notre retour vers la voiture sans tarder, de peur qu'une autre averse nous tombe sur la tête.
Un jeune orchis bouc commençait à fleurir et sur le chemin nous fîmes d'autres magnifiques rencontres fleuries !
Quant tout à coup, je m'arrêtai net. Intriguée. Etonnée. Un orchis homme-pendu était tout tarabiscoté ! J'ai cru un moment qu'il s'agissait d'un hybride avec une platanthère. Mais après consultation de professionnels de la botanique, on m'a expliqué qu'il s'agissait d'un orchis homme-pendu atteint d'un lusus soit une anomalie morphologique liée à la génétique.
Je laissais là ce drôle de spécimen pour en retrouver d'autres moins tordus !
Au moment où nous sommes remontés dans la voiture, la pluie se remit gentiment à tomber. J'envisageai alors d'aller gambader dans une autre prairie mais j'ai rapidement renoncé car l'averse tournait à la douche !
Ceci étant, pluie ou pas pluie, le bonheur était ce jour-là, dans cette prairie massylvaine !