L'ophrys brun
J'attendais avec une impatience non dissimulée la saison 2013 des orchidées sauvages. La neige récente, que j'avais accueillie avec un enthousiasme tout aussi peu dissimulé, m'avait apporté une grande crainte : comment allaient réagir mes chères orchidées sauvages à ce froid manteau quelque peu inattendu ? Les premières orchidées sauvages peuvent éclore à partir de la mi-février. Pour tout vous avouer, j'ai quand même tanné Denis il y a un mois, pour aller "jeter un œil en passant, vite fait" du côté de Lamaguère. Evidemment je n'y ai vu goutte, pas la moindre pousse, et nous sommes rentrés à la maison bredouille. Mais nous avons pu profiter de la course du soleil sur le vert des prairies gersoises : une consolation appréciable. Les collines verdoyantes s'illuminaient tour à tour. Nous apercevions même, le clocher de Monferran-Plavès. Alors ne nous plaignons point, le Gers nous gâtait suffisamment comme ça !
Il fallait après cela trépigner à nouveau d'impatience (toujours non dissimulée)…et attendre à peine plus d'un mois, à la mi-mars, pour enfin en trouver. C'était un doux après-midi ensoleillé aux allures de printemps. J'avais besoin de prendre l'air et tout naturellement, j'ai dit "On va voir le chemin des orchidées à Lamaguère ?". Denis a dit oui. Pour être honnête, il a très vite compris au ton insistant de ma voix que je ne lui laisserais guère le choix ! Il a même accepté de conduire la voiture car en cette saison j'aime observer le bords des routes et les talus : on ne sait jamais quelles merveilles botaniques on pourrait y trouver ! Et , admirer ou conduire, il faut choisir.
Bref ! Nous sommes arrivés au bout de vingt minutes sur les lieux du non-crime. Car moi, je ne tue personne et encore moins les orchidées sauvages. Nous avons remonté le petit chemin. En vain. Je cherchais des yeux minutieusement. En vain. Avais-je perdu mon fameux radar à orchidées qui avait si bien fonctionné au printemps 2012 ?
Déçue, fatiguée, je voulais repartir, croyant que la neige avait tout retardé, prête à patienter encore. Et puis, tout à coup, au milieu du chemin herbeux, nos regards ont croisé une tige haute d'à peine cinq centimètres, plus épaisses et plus vertes que le reste de l'herbe. Alléluia ! C'en était une ! Une que je n'avais jamais croisé dans le Gers ni ailleurs.
Voici donc un bel ophrys brun se dorant le labelle au soleil. Mon radar s'est alors remis à fonctionner. J'en voyais alors, ici ou là, quelques autres.
Une chance, encore une fois, l'ophrys brun est assez rare, mais c'est l'un des plus précoces dans la saison. Il aime, parait-il, d'après mon génialissime guide, particulièrement la sécheresse des coteaux calcaires. Et me direz-vous, encore une forme étonnante et extraordinaire, qui n'est pas sans rappeler je trouve, certains coléoptères.
Deux jours plus tard, avec une impatience encore moins dissimulée, nous avons fait une autre virée dans le coin sous la pluie. Quelques autres avaient éclos et se paraient de perles d'eau. La saison des orchidées sauvages 2013, commence rudement bien !