[Et s'il n'avait pas plu ?] Episode 3 : l'eau, miroir du monde
Episode 1 : Trouver le soleil à Castelnau-Barbarens
Episode 2 : Ciel ! Un arc-en-ciel !
Je ne sais plus qui a dit que les yeux étaient le miroir de l'âme. J'étais convaincue que c'était De Vinci. Ce bon vieux Léonard avait bien réussi à capter le regard de cette chère Mona ! En fait, non. Les moteurs de recherches me disent que non, que c'est un simple proverbe français. Hé bien, peu importe. Les yeux sont le miroir de l'âme, ok. Hé bien moi je dis que si le monde avait un miroir, ce serait l'eau. L'eau miroir du monde. Un miroir pas comme les autres. Pas de ces miroirs qui reflètent à la perfection la réalité. Mais un miroir unique en son genre, un miroir qui donne à voir plus que les choses, comme le font les poètes. Un miroir vivant qui modifie à souhait la réalité qui s'y reflète sans pour autant l'altérer. Un miroir qui peut être en morceaux, qui peut laisser des zones mystérieuses. Un miroir qui me fascine.
Et s'il n'avait pas plu ces dernières semaines, je n'aurais pas pu admirer les éléments se mirer dans ces miroirs mirifiques. Je n'aurais pas stoppé net la voiture en apercevant cette grande flaque dans un champ près de Betcave-Aguin, alors que le soleil commençait à terminer sa course journalière.
S'il n'avait pas plu je n'aurais pas fait une pause à L'Isle de Noé en apercevant une flaque parfaite offrant un effet de symétrie exceptionnelle à un arbre magnifique. Je n'aurais pas profité, de ce fait, du reflet du clocher dans la Baïse et dans le sol mouillé. Je n'aurais pas vu non plus cette fenêtre sur la nature sur le goudron trempé.
Et s'il n'avait pas plu, je n'aurais pas profité des flaques énormes qui envahissaient le parking du lac de l'Astarac. Je n'y aurais pas vu des sortes de tableaux impressionnistes. Je n'aurais pas couvert mon pantalon de boue jusqu'aux mollets, à en éclater de rire !
S'il n'avait pas plu, je n'aurais pas vu le trèfle à trois feuilles briller de fines gouttelettes. Je n'aurais pas vu non plus les petits bois de Lamaguère m'ouvrir un monde extraordinaire plein d'ondées, plein de douceur, plein de splendeurs.
Et s'il n'avait pas plu, je ne serais pas retournée au lac de l'Astarac et je n'aurais pas profité de cet arbre pris en otage par la montée de l'eau. Je n'aurais pas failli y laisser mes chaussures. Je n'aurais pas ri en entendant le bruit du sol trempé sous mes pieds lourds.
Et s'il n'avait pas plu, je n'aurais pas vu ce petit lac éphémère dans un pré proche de Pavie. Je n'aurais pas contemplé le reflet des arbres et ri en retournant la photo.
Bref, s'il pleut ou s'il a plu, ne vous enfermez pas, au contraire, suivez le chemin de l'eau, percez-en les mystères. Cherchez-y les images du monde que dame H2O peut nous renvoyer. Des images profondément belles que le soleil aurait vite fait de faire s'évaporer !
Et ce n'est pas fini, il me reste encore des choses à vous raconter sur la pluie dans le Gers, mais ce sera pour la prochaine publication !