La Palmeraie du Sarthou, de l'autre côté du miroir...
Comme chaque fois que je viens ici, je suis entrée dans la maison de Pépé et me suis ré-imprégnée des lieux. L'odeur agréable des vieux meubles un peu poussiéreux, les petites chambres étroites, les couleurs typiques sur les murs, la grande cheminée. Ca sentait autrefois. Un petit voyage dans le temps. Je suis entrée dans la chambre du fond, redécouvrant le mobilier ancien, dans la lumière tamisée. Sur une sorte de commode était posé un miroir rectangulaire dont l'image me semblait mouvante. Un effet d'optique sûrement. Mais la curiosité aura été plus forte. Pourtant, il ne faut pas toucher les objets d'un musée, ni d'un petit musée comme celui-ci. J'avoue tout ! J'ai bravé honteusement l'interdit, touchant du bout de l'index tremblant la surface lisse et froide de la glace. Tout s'est passé si vite… En un battement d'aile de libellule.
Pas le temps de dire "ouf". J'ai été aspirée de tout mon corps de l'autre côté du miroir. Gobée par un monde inconnu…enfin inconnu, cela restait à voir ! J'étais toujours à la Palmeraie, puisque toujours au même endroit. Je me figurais que les sensations étranges vécues un peu plus tôt au contact du miroir n'étaient que le fruit de mon imagination fertile. C'est que des idées loufoques, il m'en vient souvent à l'esprit !
Je suis sortie de la maison en souriant, amusée de mes propres facéties. Puis, j'ai regardé autour de moi. Je me suis frotté les yeux frénétiquement à m'en arracher les cils ! Qui avait volé les couleurs pimpantes de la Palmeraie ? Je refrottais mes yeux, dubitative et inquiétée. Je ne rêvais pas ! Adieu le vert, le jaune, le fushia, le mauve, le rose, le rouge, le bleu… tout n'était que divers tons de noir, de blanc, de gris… Je me suis sentie comme Alice au pays des Merveilles et j'ai exploré cet endroit qui m'était à la fois si familier et si étranger.
J'ai fait le tour de ce jardin exotique en noir et blanc, comme si j'étais dans un épisode farfelu de la quatrième dimension. Les animaux étaient toujours là, et eux aussi, sans couleur ! J'admirais quand même le magnifique pigeon paon et biquette toujours fidèle au poste !
J'ai quitté les environs de la maison pour repartir vers le jardin ! Même drôle d'ambiance ! Et que du gris ! Du gris, en veux-tu en voilà ! Sur les bananier, dans les bassins, sur les fleurs, les bambous ! Qui avait volé les couleurs de la Palmeraie ?
J'avançais inquiète vers le bassin des tortues... ont-elles aussi perdu leurs couleurs ? Je me retrouvais dans un monde monochrome et je ne savais pas comment m'en sortir !
J'ai filé vers les bassins des Lotus et nénuphars. Je les aime tant en couleurs. Hé bien, je les ai autant aimés en noir et blanc. Les gouttes d'eau sur la peau imperméable desdits nénuphars ressemblaient à de grosses perles sorties de nulles part. Les feuilles sur l'eau ondulaient grâcieusement et les fleurs de Lotus fânée ici ou là s'emmêlaient les unes aux autres dans un ballet extraordinaire... d'autres jouaient les réverbères.
Les fleurs avaient perdu leur rose et leur fushia, mais l'imagination se trouvait forcée, titillée, invitée à retrouver les couleurs initiales, à les réinventer ! J'osais les imaginer bleues ou rouge vif !
Les habitants du bassin était aussi décolorés ! Les facétieuses grenouilles guettaient les moustiques trop aventurier et les libellules voletaient, virevoletaient, se posaient puis repartaient... Combien suis-je restée de temps à les observer ? Je n'ai pas compté ! J'étais fascinée !
Même la bibliothèque : les livres tout de gris, noir et blanc vêtus !
J'ai repris le chemin de l'accueil où j'envisageais de trouver les jardiniers, mais étrangement, personne n'était là. Les palmiers et autres plantes jouaient avec le soleil, il me plaisait de m'y perdre...
Je retrouvais les deux gigantesques vasques avant de retourner vers la maison de Pépé pour tenter de revenir dans un monde couleur... Les reflets m'envoûtaient.
Je me retrouvais dans la maison, me rappelant de films et séries de science fiction : comment avaient-fait les personnages pour revenir dans le monde normal ? Ils avaient retouché le miroir... Je m'approchai alors à nouveau de la glace, nerveusement ! Allais-je me retrouver dans un monde tout en bleu ? Tout en rose ? Où retrouver mon monde coloré que j'aime tant ! Je pensais à mes orchidées sauvages dont j'aime tant les teintes ! Je posai le bout de mon index sur le verre flottant. Même sensation. Aussi vite que l'éclair. Un coup d'oeil par la fenêtre ! Ouf ! Les couleurs étaient de retour !
Ouf ! Ouf ! Ouf ! Surtout qu'en plus, il paraît que cette année, le thème des rendez-vous aux jardins des 3,4 et 5 Juin s'intitule "Les couleurs du jardin !" et je sais que La Palmeraie a prévu de rajouter bien des couleurs à son jardin ! Et pour vous rassurer quelques photos en couleur dans l'album qui suit (il suffit de cliquer sur la photo !), parce qu'évidemment, j'en ai profité pour refaire une petite promenade, et le charme a continué d'opérer ! Quant à vous, n'hésitez pas à vous y rendre et je peux vous assurer que des surprises hautes en couleurs vous y attendent (mais chut, je n'en dis pas plus ! ).
Evidemment, les faits racontés sont purement fictifs, la seule vérité, c'est qu'en noir et blanc ou en couleur, la Palmeraie du Sarthou est un magnifique jardin !