Ma campagne, elle me gagne !
La saison des orchidées sauvages se termine et je sors enfin la tête de l'herbe et des prairies sauvages en me disant que,tout en m'occupant de mes fleurs préférées, il faudrait m'attarder plus souvent sur les paysages environnants. Mais j'ai toujours du mal à décrocher le regard des pimpantes orchidées que je croise pendant mes pérégrinations botaniques. On ne se refait pas. C'est tout le problème d'une passion, on occulte le reste qui pourtant peut être tout aussi passionnant. Bref, depuis trois semaines, je passe la tête au-dessus des herbes folles, je contemple les vallons gersois, les champs et je me sens à chaque observation, à nouveau séduite. Voici donc, quelques photos prises ici ou là, au détour de chemins herbeux, de petites routes goudronnées et qui nous rappellent à quel point la nature et l'agriculture façonnent le paysage... à merveille !
Commençons par un petit détour à Lamaguère tout récent, il doit dater de mercredi dernier. J'y arrivais évidemment pour une énième excursion "orchidesques" : j'avais besoin de m'aérer et je savais que les orchidées allaient se faire de plus en plus rares... Je me rendais au départ du petit chemin que je cotoie régulièrement et un troupeau de moutons et chèvres a traversé la route pour rejoindre une vaste prairie. Le bruit de leurs cloches et clochettes suivait ma voiture, je me sentais presque poursuivie. Alors que certains dévoraient les hautes herbes, d'autres sautillaient dans la folle verdure. Comme je les comprends, j'ai parfois tendance à sautiller de pareille façon à l'approche d'une belle étendue de verdure sauvage...
Après avoir garé la voiture un peu plus bas, j'ai emprunté le chemin habituel qui mène vers mon paradis floristique. J'ai flâné à droite à gauche, trouvant de superbes ophrys du Gers ( dont je vous parlerai, soyez-en sûrs ! ), quelques anacamptis pyramidalis amorçant leur déclin et de grands orchis boucs qui déployaient leur chevelure sous la brise. Avant de repartir, j'ai été ravie de trouver des ballots de foin après la côte, puis en redescendant vers la voiture, j'ai été subjuguée par ce bout de campagne qui s'étendait devant moi...
Ce même jour, la campagne resplendissait à un croisement de route entre Seïssan, Tâchoire et Monferran Plavès ... un ciel bleu azur, des haies d'arbres, quelques ballots, un grand arbre, des nuances de verts, de douces courbes...
Quelques minutes plus tard, en repartant vers Arrouède, sur la D40, aux abords de Cabas-Loumassès, de belles lignées de ballots décoraient les champs. Je me suis mise à les rêver en noir et blanc. Un petit réglage et voilà mon rêve réalisé. Ma campagne est un rêve permanent.
Et si je revenais quelques temps en arrière, quand j'avais quand même parfois regardé autour de moi,plutôt qu'à mes pieds ? A la mi-Mai, le temps était à l'orage, printemps pluvieux. Rien ne m'arrêtait pour mes orchidées. Et mieux encore près de Panassac, dans ce contexte ténébreux, la prairie sauvage me paraissait d'autant plus flamboyante...
A la mi-juin, j'ai vu rouge ! Rouge, rouge, rouge, comme les pivoines d'Apollinaire. Près de Castelnau-Barbarens, une champ de blé s'était fait prendre en otage par une armada de coquelicot vermillon et sémillant. Il n'y avait qu'à admirer la vague étincelante.
Et début Mai ? Début Mai, autour de Saint-Orens Pouy-Petit, la vague était verte, intensément verte. Les sillons des tracteurs dans les champs s'élançaient à l'infini.
Et début Juin, début juin, début juin, entre deux éclaircies. La pluie avait enfin fait une pause et il fallait aussi en profiter. Alentours de Traversères... ou je-ne-sais-plus-exactement-où, il y avait des panoramas sublimes qui m'en faisaient oublier les orchidées.
Le clocher de Lartigue, les tracteurs dans les champs, les vagues de blés verts ou de blés déjà dorés. Rien à envier au reste du monde. Le Gers est d'un charme époustouflant.
Et si la beauté avait un autre nom ... elle s'appellerait Gers.